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Maman du monde au Cameroun

« Chez nous, on parle beaucoup aux enfants, et on doit les traiter avec respect », explique Babette. Maman de trois garçons, elle parle de l'éducation des enfants au Cameroun.

« C’est quoi le baby-blues ? », je demande à l’autre mère qui partage ma chambre à la maternité. Je suis en France depuis peu, alors les conseils du livre “J’élève mon enfant” de Laurence Pernoud m’étonnent souvent…

« C’est quoi une allergie ? », s’interroge à son tour ma mère quand je lui lis, au téléphone, un passage expliquant tout ce que je ne dois pas donner à manger au bébé !

Mais un mois après, quand mon fils regarde avec envie ce qu’il y a dans mon assiette, je lui donne des miettes de poisson. J’ai quand même peur de le dire à mon pédiatre français. Je rigole avec mon mari : on allait peut-être nous mettre en prison ? ! 

Je consulte donc ma mère au Cameroun, qui me dit qu’il doit goûter de tout : « Trempe tes cinq doigts dans tout ce qu’il y a sur la table, même ce qui est très épicé, et laisse-le les suçoter », me conseille-t-elle. 

Et elle me raconte une légende : « Une fois, dans un village, un couple fut invité avec leur enfant à venir manger une chèvre. Tout le monde se régalait. Soudain, le petit demanda, fâché, à ses parents : “Pourquoi n’ai-je le droit qu’à du lait et des légumes insipides?” Alors, il partit et ne revint jamais. »

La moralité est qu’il faut toujours traiter son enfant avec respect, à l’égal de l’adulte !

J’élève mes trois garçons “à la française”, tout en conservant mes coutumes familiales. Ma mère me dit souvent : « Tes enfants ont beau être noirs, ils ont des anticorps de blancs. » Elle trouve qu’ils sont toujours malades, parce qu’en France, nous sommes obsédés par les microbes. Plusieurs fois par an, elle m’envoie des remèdes “maison”, comme l’huile de palmiste (extraite des graines issues du noyau du fruit du palmier, à ne pas confondre avec l’huile de palme) qu’on applique sur la peau des bébés pour faire baisser la fièvre. Parfois certaines mixtures ne marchent pas, mais maman me dit qu’il faut y croire pour que ça marche. C’est aussi une question de foi. 

Au Cameroun, pour accoucher dans de bonnes conditions, il faut payer une clinique privée ou donner un “bakchich” aux médecins. Là-bas, la vie, c’est rien. Si t’es pauvre, on se fiche de ton enfant. C’est peut-être pour ça que les femmes, dès le début, sont entourées de leur famille et des “bons sorts”. Après la naissance, pour fortifier le bébé, on le baigne dans des herbes, parfois même accompagnées d’un os de gorille avec lequel on le masse. Pour accélérer la circulation sanguine de la maman, on tapote son ventre avec une boule de feuilles séchées trempées dans de l’eau bouillante. Ça fait sortir le “mauvais sang” et retrouver la ligne. On appelle ça le “balai traditionnel”. 

Juste après la naissance, quand on rentre à la maison avec le bébé, la grand-mère de l’accouchée vient vivre avec les jeunes parents jusqu’à ce que le cordon du bébé tombe. Pendant les deux mois qui suivent l’accouchement, on a l’interdiction de faire l’amour. Ça retarderait la croissance du nouveau-né… Mais en réalité, c’est pour éviter à la jeune maman de retomber enceinte. Le deuxième mois, le père présente son enfant à ses parents, mais en général, il ne cherche pas à s’occuper du bébé. Ce sont les femmes qui gèrent l’éducation des tout-petits. 

Ce qui me manque du Cameroun, c’est la liberté. En France, on me dit toujours “fais pas ci, fais pas ça”

Chez moi, on est beaucoup plus détendu. On dit aussi qu’on a le devoir de tout expliquer à nos enfants. Une fois, ma tante a dit à son bébé qui pleurait tout le temps : « Avant que tu viennes au monde, on dormait bien. Pourquoi ne nous laisses-tu pas nous reposer ? Aujourd’hui, on va te laisser dormir tout seul, tu vas sûrement te débrouiller. » Le petit a compris, et depuis, il fait ses nuits complètes !

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